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L’industrie de l’impression sur étoffes s’établit à Beauvais au milieu du XVIIIe siècle ; elle connaît un développement important à compter de 1775 alors que le Baron de Neuilly, conseiller-secrétaire du Roi, acquiert la manufacture d’indiennes de Saint-Just-les-Marais. Après l’avoir modernisée, il la vend à son neveu, Claude Baron. Acquis en 2014, le manuscrit porte le titre L’art de faire l’indienne . Il s'agit d'un exposé des procédés de coloration et d'impression utilisés dans la manufacture de toiles peintes de Saint-Just-les-Marais près de Beauvais. L’auteur principal en est le Baron de Neuilly, qui signe ce manuscrit au bas de la page 68 après avoir indiqué : « Sertifié le présent livre de Composition de Couleurs telles que je le donné a mon neveu lors que jai ceddé ma Manufacture, sur lequelle je trouve une ocmantion de diverses Couleurs que mon neveu a rajouté ; En foy de quoy Je Sertié le present ; Véritable a Beauvais ce 24 avril 1784 ; Baron De Neuilly ». Il s’agit d’un véritable cahier de recettes de teinture et d’impression sur étoffes, indispensable à la poursuite de l’activité de la manufacture. Claude Baron a d'ailleurs complété le carnet d’autres recettes jusqu’en 1795.

La première partie de ce cahier de recettes du Baron de Neuilly n'est pas paginée mais comporte des numéros qui sont ceux des procédés, récapitulés dans une table des matières indiquée sur les 3 derniers feuillets du cahier. Les procédés présentés le sont dans l’ordre des opérations mises en œuvre à la manufacture : préparation des toiles, bousage, garançage, bruniture, impression. Les matières colorantes employées sont usuelles (garance, sumac, bois de Campêche, indigo, nerprun, gaude, bois de Pernambouc), à l’exception peut-être de l’orpin rouge. A noter quelques mentions de provenance pour l’indigo (Espagne ; Saint-Domingue). L’on constate une grande importance des fonds rouges et l’utilisation fréquente de noirs. Les bleus sont imprimés à la planche, ou appliqués au pinceau ; le « Bleu de fayence » était réalisé dans un atelier distinct de celui de la teinture. Différents noms sont mentionnés : « Cuve de Mr Morlais », « Coulleurs de Mr Molle », « Recette des Couleurs de Mr Vuttié Colloriste ». Ce carnet de 116 pages comporte 15 petits échantillons imprimés, illustrant des pages consacrées à la teinture des fonds. Il se termine par quelques remèdes, par exemple pour les brulures ou pour guérir la colique.